vendredi 8 mai 2009

Pensée de groupe

Je me permets un flashback encore (c'est le principe des messages libellés Historique, pour ceux qui n'ont pas compris) !

Après avoir été approchés par le futur Maire, nous nous étions tous réunis pour définir les objectifs de notre groupe, et les méthodes de campagne. Un rapide tour de table donna lieu à une présentation de chaque membre de notre équipe. En tant que héritiers du conseil municipal sortant, nous en étions une version expurgée des démissionnaires précédents. A peu près toutes les minorités s'y trouvaient (comme je l'avais expliqué ici) auxquelles s'ajoutaient le Directeur et le Successeur. Une armée renouvelée au deux tiers, il ne restait plus qu'à affûter nos arguments.

Le Directeur prit les devants, en expliquant que nous étions les seuls candidats sérieux (une liste uniquement s'opposait à nous, et elle était fondée par des contestataires élevés contre la personnalité, et les méthodes monarchiques de notre futur ancien maire). Le Successeur en rajouta, avec moins de classe. Étrangement, je décelais une sorte de faisceau d'indices qui esquissait un tableau déplaisant. D'abord, je savais que, politiquement parlant, nous avions tous des opinions variées, autour de cette table se trouvaient des catholiques conservateurs, des protestants libéraux, des communistes (est-il nécessaire de préciser "athées"), pourtant une certaine unanimité se dégageait systématiquement de nos conversations. Certes, en période électorale, cela peut être naturel de chercher un consensus, mais là, nous étions entre nous... Ensuite, vint l'attaque destinée aux "opposants", je fus stupéfait de la dureté de la charge. L'élaboration d'une lettre, à la limite de la diffamation, fut évoquée, comme si notre assemblée disposait d'une forme de supériorité morale sur toutes les autres. Je crus reconnaître plusieurs fois des symptômes que Milgram ou Asch avaient étudiés, dans lesquels un individu se livrait à un comportement malsain, lorsqu'il était soumis à une autorité (Le Directeur) ou un groupe.

Puis, un agenda précis des quartiers à visiter fut établi : les électeurs à rencontrer, au pire les indécis clairement identifiés, mais essentiellement les alliés qui nous motiveraient, en évitant soigneusement ceux qui avaient la réputation de détester notre prédécesseur. Cette lâcheté intellectuelle qui consistait à éluder les vrais débats, ne me seyait pas...

Mais, comme tous, dans un silence approbateur, je me soumettais à cette insurmontable pression de conformité.

lundi 4 mai 2009

Com', mémo, ration !

Je ne peux m'empêcher de "balancer" une pratique à laquelle les élus, même les moins à l'aise avec les discours, se prêtent assidûment : C'est le passage obligé de la commémoration , si possible en évitant d'avoir le traditionnel speech à écrire ! 11 novembre, 8 mai, ou plus récemment, "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation" (le dernier dimanche du mois d'avril de chaque année, depuis 1954, le saviez vous ?).

Il existe sur le site internet de votre préfecture, une section antisèches évènements, qui est régulièrement mise à jour avec les dates ET surtout, une allocution rédigée, soit par le Secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants pour les commémorations de la Victoire et l'Armistice, soit, dans le cas du souvenir des déportés, par un ensemble d'associations dont l'objet est la mémoire des résistants et des déportés.

En exclusivité, afin que vous puissiez juger de l'effort que votre élu aura fait dans la composition de son texte pour le 8 mai prochain, je vous fais donc part du message officiel de M. Jean-Marie Bockel :

Message de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Défense et aux anciens combattants
Journée nationale de commémoration du 8 mai

Nous commémorons aujourd'hui le 64e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie, le 8 mai 1945.

Cette journée nationale rappelle la victoire du camp Allié contre le nazisme. Elle marque également la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Par l'ampleur des pertes humaines, des destructions matérielles et des souffrances infligées aux populations civiles, la Seconde Guerre mondiale se distingue de tous les autres conflits.

Elle s'illustre tristement par le mépris de l'humain.
Le système concentrationnaire mis en place par l'Allemagne nazie a fait reculer les frontières de la civilisation: les persécutions raciales, l'internement des populations civiles et l'horreur des camps d'extermination marquent le mépris de l'humain et le recul des valeurs héritées des Lumières.

Le 8 mai évoque ainsi la victoire des valeurs de la civilisation contre la barbarie, le triomphe de la démocratie contre le totalitarisme nazi.

Le 8 mai 1945, la France renaît de ses cendres. Elle efface· la honte de la défaite et de l'Armistice de juin 1940.

Avec ses années reconstituées, la France a participé pleinement à la victoire finale contre le nazisme. Elle n'a en réalité jamais cessé de combattre: à Londres, derrière le général de Gaulle, en France, dans les rangs de la résistance intérieure et partout ailleurs, sur terre, sur mer et dans les airs, des Français ont continué la lutte.

L'année qui s'est élancée le 15 août 1944 vers les plages de Provence témoigne de cette unité retrouvée de la nation française à l'heure des grands défis. Eléments gaullistes de la 1ère Division Française Libre, combattants de l'armée d'Afrique, tirailleurs sénégalais, goumiers marocains, bataillon des Antilles, Forces Françaises de l'Intérieur: c'est toute la France qui est au rendez-vous pour la Libération de son territoire.

C'est cette France réunifiée que le Président de la République Nicolas Sarkozy a souhaité mettre à l'honneur cette année, en se rendant le 8 mai à la Nartelle afin d'y honorer la mémoire des combattants du Débarquement de Provence.

Le 8 mai 1945, à l'heure de la victoire, la France siège aux côtés des Alliés à la table des vainqueurs et reçoit la capitulation de l'Allemagne nazie. Le 8 mai 1945, la France retrouve sa souveraineté et l'intégrité de ses frontières. Le 8 mai 1945, la France retrouve également son âme.

De l'horreur de la guerre est né aussi un espoir: celui d'un monde de coopération et de paix entre les peuples. La création des Nations Unies et la construction européenne, initiée dans l'élan de la reconstruction morale et politique de l'après-guerre, concrétisent cette promesse.
Cette journée nationale de commémoration nous rappelle enfin que la mémoire de ces évènements doit vivre, et qu'elle doit être transmise aux générations futures.

Aujourd'hui, les témoins, anciens résistants, déportés ou anciens combattants, sont toujours parmi nous pour effectuer ce nécessaire travail de mémoire.

Ainsi le 8 mai est également l'occasion pour nous, pour toute la Nation, de les honorer, en rappelant leurs engagements, leur courage et leurs sacrifices.

La journée nationale de commémoration du 8 mai occupe une place singulière dans l'ordre du souvenir.

Synonyme d'indicibles souffrances, cette journée du 8 mai nous rassemble également aujourd'hui autour de valeurs communes de liberté et de fraternité, qui demeurent au fondement même de notre contrat social et de notre identité.


Jean-Marie Bockel


Je me permet une petite remarque sur l'anaphore "Le 8 mai 1945". Certes, il est assez normal de retrouver cette locution plusieurs fois dans le discours du 8 mai. Mais, un paragraphe ne comporte pas moins de 3 répétitions de ce début de phrase, ce qui est saisissant pour un texte aussi court. C'est une des marques de fabrique d'Henri Guaino, plume de Nicolas Sarkozy, selon Jean Véronis qui a étudié cette figure de style. Le nègre des élus locaux aurait il, lui-même, fait appel à celui du Président ?

vendredi 1 mai 2009

Le budget d'une commune

J'ai souvent appris en abusant du mimétisme, c'est l'un des moyens les plus commodes que j'ai trouvé pour assimiler rapidement des concepts nouveaux. En s'exposant un maximum aux méthodes et aux résultats des autres, et si possible à des références idéalement proches des questionnements que je me pose.

Il en va pour les finances locales, comme pour le reste, car je ne suis pas comptable. Pour ce faire, le Ministère de l'Economie, de l'Industrie, et de l'Emploi, Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction Publique, Bercy, a mis à disposition du public, parmi lesquels les élus locaux en manque d'information, un vieux lien mort un site internet qui résume les comptes de chaque commune (chercher "Comptes individuels des collectivités" dans cette page).

Le plus simple pour se faire une idée sur la gestion de la sienne, c'est de prendre une commune voisine, si possible de même taille. Ensuite, le site présente les résultats ramenés à la population, puis une moyenne de la strate (commune de moins de 500 habitants, entre 500 et 2000 etc.). Outre les habituels produits de fonctionnement (A) et charges de fonctionnement (B), qui sont en gros, ce que la commune dépense et dispose, pour vivre, les données d'investissements (les projets de la collectivité), des données relatives à la capacité d'autofinancement (pour faire simple, c'est A - B), et à l'endettement sont disponible. C'est fascinant (sans exagération), de voir les différences énormes entre deux types de conduite budgétaire, certains maires détestent l'endettement, d'autres en abusent.

J'ai découvert que l'abus de dettes ne se révèle réellement que dans la zone "capacité d'autofinancement" (CAF), cette partie présente un chiffre intéressant sous le libellé "CAF nette du remboursement en capital des emprunts". Car, lorsque une commune rembourse un emprunt, comme pour un particulier, deux parties sont identifiables : les intérêts de la dette, qui sont à comptabiliser comme des charges de fonctionnement, et le capital de la dette qui rembourse un investissement (un terrain, une maison, etc.) et qui, au contraire des intérêts, s'inscrit en dépense d'investissement. Le problème donc, c'est que ces deux coûts sont obligatoires, et beaucoup d'élus (j'ai moi-même fait l'erreur auparavant) pensent que seule la partie fonctionnement des comptes, représente, dans le budget d'une commune, les dépenses inévitables. Vous remarquerez que certaines communes disposent d'une "CAF nette du remboursement en capital des emprunts" négative, c'est à dire, elles sont contraintes à des recettes supplémentaires en investissement pour équilibrer leur budget. Certaines disposent de capital foncier à vendre (NB: les communes ne payent pas d'impôt sur les plus-value), d'autres sombrent dans une infernale course aux subventions. Seulement maintenant, peu de subventions couvrent plus de 50% d'un projet, ce qui veut dire que pour gagner un euro, il faut en général engager plus d'un euro... Je ne m'étendrai pas sur une démonstration mathématique, mais la conclusion c'est qu'il vaut mieux équilibrer son budget autrement que par les subventions qui entraineront des sorties supplémentaires.

Sinon, pour finir sur une note positive, ce qui est étonnant dans le site de Bercy, c'est la rapidité de mise à jour, grâce notamment, à la dématérialisation des actes comptables (j'avoue ne pas encore y avoir tout compris, mais en gros, toutes les pièces comptables passent par une plateforme informatisée qui se nomme Helios). Cette transparence est louable, et l'assistance qu'elle apporte aux élus est unique.