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vendredi 23 avril 2010

Un an, un bilan...

Exercice difficile, tirer un bilan d'une année de blog très irrégulière, très inégale...

Pourquoi, en premier lieu, ai-je commencé celui-ci?
- J'étais persuadé que le sous-titre "Rétrospectivement, un élu local d'une petite commune rurale, dévoile ce que tout citoyen devrait savoir, s'il en prenait la peine. Les anecdotes croustillantes, l'immanquable désillusion, les conflits..." suffirait à expliquer la démarche, et les motivations poursuivies par cette modeste publication. Mais en fait, après un an de blog je me rends compte que je souhaite surtout qu'aucun jeune conseiller municipal, dans aucune petite baronnie locale, ne subisse les brimades que j'ai subies, et dans le cas contraire, qu'il ne s'en décourage pas. Dès lors que nous remplissons nos fonctions, à savoir, "le conseil municipal émet des vœux sur tous les objets d'intérêt local." - L2121-29 du C.G.C.T. ( notez bien, ici, c'est le conseil municipal qui émet ses vœux, et pas "le maire" ), ou dès que nous exerçons le contrôle que la loi impose à tous les conseillers municipaux de notre pays : "Sous le contrôle du conseil municipal et sous le contrôle administratif du représentant de l'Etat dans le département, le maire est chargé, d'une manière générale, d'exécuter les décisions du conseil municipal et, en particulier..." - L2122-21 du C.G.C.T., certaines pressions peuvent se révéler assez lassantes, pour ma part, je baisse rarement les bras face à un challenge, nettoyer les écuries d'Augias, dans certaines communes, est un défi séduisant.

Suis-je un casse-pieds de l'opposition?
- Et bien non, si vous avez suivi les billets "Historique" de mon parcours vous apprendrez que j'ai mis un certain temps à réaliser que je me retrouvais dans une liste de godillots. Je vote souvent "pour", mais lorsque l'on présente une délibération manifestement illégale, je vote "contre". En revanche, la virulence de mon vote "contre", souvent accompagné d'un courrier aux services de contrôle de légalité, est particulièrement mal vécue par la majorité de mon petit village. Je suis intransigeant et m'amuse parfois, tel l'enfant qui bouscule une fourmilière, de voir l'agitation de ces petits individus qui se réunissent pour discuter de la sauce à laquelle ils vont me manger, ou de la réaction appropriée à opposer à mes troubles.

100% de ce qui est écrit dans ce blog est-il vrai?
- Réponse courte: non. J'ai évidemment essayé de faire en sorte que l'anonymat des personnages de mon blog soit préservé, par ailleurs j'ai un style romancé qui tend à la démesure, et il est possible que quelques traits soient exagérés. Malheureusement, la plupart des choses choquantes (dans la pratique du pouvoir et la politique locale) qui sont rapportées dans ce blog sont vraies, je les ai constatées par moi-même, ou alors, elles sont "importées" d'autres communes que la mienne.

Suis-je frustré?
- Heureusement, non. J'ai une chance assez incroyable, c'est de savoir à quel point le mandat de maire ou de président de communauté de communes est compliqué. Il me semble quasiment impossible de mener une action d'opposition au sein d'une de ces collectivités en ayant un poste exécutif dans l'autre. Et puis, j'ai un vrai travail qui me prend beaucoup de temps et qui me rémunère beaucoup plus que ne le ferait un, ou deux, ou trois (...), mandats locaux. Par ailleurs, j'apprécie à leur juste valeur les efforts que mon maire fournit au sein de sa communauté de communes pour défendre son "bout de gras". Même si je sais qu’il n’arrivera à rien, parce que son image est attachée à celle de son prédécesseur qui attire toutes les vengeances des communes voisines. En aucun cas, je ne souhaiterais être à sa place.

Pourquoi le continuer (ce blog, ce mandat)?
- Ça tourne un peu en rond, mais deux certitudes me font continuer: La première, est évidente, c'est que les activités liées au mandat d'élu local sont assez diversifiées pour aborder de nombreux thèmes. La seconde concerne mon cas particulier: mon "combat" local n'est pas vain, il aboutira sur trois types de suite, chronologiquement: le premier est psychologique (mon maire, et son entourage commencent déjà à paniquer, et commettent des erreurs), le second est administratif: la préfecture, et la chambre régionales des comptes sont saisies sur plusieurs questions et le préfet pourrait très bien attendre un faux pas pour mettre en place une procédure de suspension ou de révocation du maire (il suffit juste que mon maire ait oublié de produire une explication écrite dans un délai raisonnable - CE 1er avril 1960 - Ramelot), et enfin troisième type de suite: une décision que j'espère la moins sévère possible, puisqu'il s'agit des conséquences d'une procédure judiciaire pour un certain nombre d'infractions pénales qui font l'objet d'une enquête préliminaire mise en œuvre sur instruction du procureur de la République il y a bientôt un an déjà ! (ici on compte en temps administratif, une année ou deux, c’est un clignement de paupière)

Par ailleurs, un grand nombre d'habitants de ma commune méritent d'être représentés d'une façon ou d'une autre, et continuer à se bagarrer en leur nom, c'est aussi faire vivre leurs opinions.

Maintenant, jetons un regard sur les aspects plus techniques du bilan de ce blog.

C'est un petit blog de rien du tout qui a amené 3000 visiteurs uniques pour environ 5000 visites en tout (attention c'est de la vraie statistique Google Analytics, pas du Webalizer de papi qui compte les robots des moteurs de recherche comme des visiteurs humains). Pour les géants de la blogosphère je ne suis qu'un point bleu pâle, mais ramené au tirage d'un petit journal municipal et à sa périodicité, je suis une véritable rock-star !

Qui vous a amenés, chers lecteurs, ici ?
Indéniablement, Zythom a contribué de manière majeure à la fréquentation de ce blog (6.9% du trafic selon Google Analytics). Et si je savais comment le remercier, je n'hésiterais pas une seconde! (Le problème de l'anonymat, cher Zythom, c'est qu'on ne peut pas recevoir de cadeau, donc je ne m'engage pas à grand chose en fait).
En seconde position c'est Authueil, dont le blog renferme des appeaux à troll où je m'engouffre souvent trop facilement! Ensuite, Maître Eolas, qui dispose d'une force de frappe hallucinante, puisque j'ai juste balancé un ou deux commentaires et son blog a généré près de 200 visites ici. Et last, but not least, Falconhill, élu local et fan invétéré des "chevaliers du zodiaque", si seulement il savait que je dispose de tous les chevaliers d'or, édition originale en français, dans leur carton d'origine! (Même pas parce que je suis collectionneur, mais tout simplement parce que j'étais fan quand j'étais gamin)

Que cherchez-vous ici ?
Florilège des mots clefs, ce qui compte pour vous, c'est le FRIC!!!! "budget d'une commune", "le budget d'une commune", "capacité d'autofinancement d'une commune", "caf nette du remboursement en capital des emprunts" (c'est bien, je vois que je sers à quelque chose là!), "indemnité elus locaux", "budget de la commune"... et encore de nombreuses autres déclinaisons avec indemnités, maires, adjoints, budget, commune, ... Vous avez tout compris! Et pour citer Alain Lambert, avec lequel j'ai eu récemment la chance de discuter via Twitter, "mais les finances c'est simple : la maitrise de la dépense. Tout le reste est littérature"

Qu'est ce qui vous y retient le plus?
Certains mots-clés vous maintiennent plus longtemps sur ce blog que d'autres, ainsi, "epci corruption", "budget d'une petite commune rurale", "indemnisation d'un élu+zone", "imposition indemnites elus communes rurales" (alors là, pour faire simple, soit c'est retenu à la source, soit on ajoute dans sa déclaration sur les revenus l'indemnité qu'on touche). Il y'en a un, bien triste et hors-sujet, c'est "justicier ordinaire meilleurs voeux", malheureusement Justicier Ordinaire a arrêté son blog visiblement après avoir subi une lourde pression.

Qu'est-ce qui m'amuse le plus dans vos recherches?
Des recherches du genre : "qu'est-ce qu'un élu locaux" (en dehors d'une faute d'accord, quelques éléments de ce blog peuvent y répondre). "une bobo néo-rurale": quelqu'un de beaucoup plus agréable qu'un bobo parisien (je ne supporte pas les écolos qui n'ont jamais bêché un jardin, et qui donnent des leçons aux agriculteurs). "tyrannie maire petite commune rurale": Si il y en a d'autres qu'ils n'hésitent pas à m'envoyer leurs témoignages : elu.local @ gmail.com

Bloguer ou twitter?
Je vais conclure sur cette question... Puisque je me fais beaucoup plus plaisir en twittant qu'en bloguant, le caractère faussement éphémère de twitter y contribue (je me torture moins l'esprit quand je "poste" un twitt, que pour un billet). Et puis on y rencontre des gens de qualité, mais dans les deux cas, c'est extrêmement chronophage. Donc, probablement bloguer ET twitter, dans des proportions du genre 30 tweets pour un billet.

jeudi 15 avril 2010

Joyeux anniversaire Maître


Billet-hommage, librement inspiré par "Les rois du Baratin" de Maître Eolas, publié il y a exactement 6 ans (à la minute près).

J’assiste souvent à un phénomène récurent dans mes rencontres avec les hommes politiques, qu'ils soient jeunes (à mon grand dam, car naïvement, je suis persuadé que la nouvelle classe politique a soif de transparence) ou âgés, d'envergure nationale ou aux modestes prétentions locales, c'est celui du roi du baratin.

Émules de Davinain, ils ont fait leur la phrase de celui-ci « n’avouez jamais ! »

Acculés, dans de vaseuses explications sur les motivations d'une proposition démagogique, esquivant les sujets polémiques avec brio, ils pensent ainsi se sortir avec classe d'un débat, tel un félin d'une chatière.

Mais quand on ne veut pas se prononcer sur le fond, il faut quand même un jour se dévoiler, et la cohérence des promesses ne tient jamais face à la réalité du pouvoir, c'est à la lumière de sa pratique qu'ils seront jugés par leurs conseillers, leurs concitoyens, le personnel de leur collectivité, et les institutions qui la contrôlent.

Alors ils bâtissent un mensonge... Et s'en sortent souvent très bien jusqu'à maintenant. Je précise, jusqu'à maintenant, parce qu'il est difficile pour un homme politique, y compris élu local, de faire face dans son action, et dans son discours à la mémoire informatique qui nous permet de chercher et trouver facilement les contradictions entre ses anciennes propositions et ses actions. D'autant plus que l'information est disponible désormais, et de plus en plus, au plus grand nombre. Certains ont la malice de penser que la communication peut y palier, selon le principe "plus on en parle, plus c'est vrai", mais c'est mal comprendre le citoyen 2.0, qu'il soit internaute ou pas. Il dispose de l'information de manière beaucoup plus libre que dans les années 80 ou 90, il se fabrique sa revue de presse, il critique, et il sait facilement ignorer un message politique polluant son espace informatif. D'ailleurs, l'effet inverse tend à se produire, et c'est un problème, car pour une partie non-négligeable de la population, "plus on en parle, plus c'est faux", ainsi sont fabriquées les thèses fantaisistes de conspirations. Ce réflexe défensif face à la com', entraîne parfois la population dans une paranoïa suraiguë, et rend assez difficile le travail d'éclaircissement qu'il est nécessaire de fournir dans certaines de nos collectivités où ont pu se manifester effectivement des comportements excessifs: si ce n'est de réelle conspiration, au moins des systèmes de fonctionnement déviants.

Sur le registre de la délinquance en col blanc, voire même de la criminalité, puisque notamment le faux en écriture publique est un crime contre l'État, un spécialiste de ce type d'affaires m'expliquait récemment les stratégies mises en place par les représentants de la loi et de la justice de notre pays, afin de démasquer les hommes politiques qui s'essayaient à ce genre de pratiques. Il est intéressant de noter, comme Maître Eolas le faisait pour les petits escrocs, la répétition du même crime ou délit par les personnages en question. Selon cet "expert", la collecte minutieuse et patiente de témoignages et d'indices, confine, a priori, le mensonge des suspects dans des limites bien inférieures à celles que nécessite l'épanouissement de leur (contre-) vérité, et le taux de résolution de ces affaires est extrêmement élevé. A tel point que le législateur remanierait fréquemment le code des marchés publics pour laisser toujours plus de liberté dans les comportements des élus, quand il ne s'agit pas plus rapidement, de l'Exécutif qui relève les seuils directement.

Je me suis écarté du sujet original et essentiel, l'anniversaire du premier billet de Maître Eolas, que j'ai du découvrir, il y a 3 ou 4 ans, après la lecture de ce billet qui aujourd'hui encore, me glace. Joyeux anniversaire, et longue vie à votre blog!

P.S.: On est quelques uns à prendre les paris sur le fait que vous puissiez un jour vous engager en politique. Si d'aventure vous tombiez sur ce modeste billet, n'auriez-vous pas un scoop?

vendredi 1 janvier 2010

Bonne Année

Bonne Année à mes deux ou trois lecteurs réguliers!

2009 fut la première année de ce blog, et 2010 s'annonce encore plus intéressante!

Je suis donc heureux de vous présenter mes meilleurs vœux, et souhaite que cette nouvelle année soit moins corrompue, tyrannique, égocentrique, et mégalo pour vos élus locaux (ou vous-mêmes, si vous en êtes).

Qu'elle soit une année de justice, de responsabilité, de respect de l'intérêt général, et d'efficacité des dépenses publiques.

mardi 22 septembre 2009

Journée nationale d'hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives

Encore un billet sur les Harkis, me direz-vous ? Oui, mais ce coup-ci, c'est dans ma catégorie Marronier: une commémoration tout ce qu'il y a de plus officiel !

Le décret du 31 mars 2003, publié au Journal Officiel du 2 avril 2003 a instauré une Journée nationale d'hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives. Sa célébration est fixée au 25 septembre de chaque année.

Cette journée est destinée à témoigner la reconnaissance de la République française envers ses anciens supplétifs pour leur engagement et les épreuves qu'ils ont endurées. Par delà, elle vise à rappeler officiellement leur pleine appartenance à la nation, dans le respect de la spécificité de leur histoire et dans le partage d'un idéal de paix et de fraternité.

Dans certains départements, (faute d'un intérêt fédérateur de la population au niveau communal) cet hommage se traduira par l'organisation dans une préfecture ou une sous-préfecture, d'une cérémonie départementale du souvenir.

Évidemment les élus locaux ont toute latitude pour s'associer, sous une forme ou une autre, à l'hommage ainsi rendu, en initiant dans leur commune une action de mémoire (cérémonie, exposition, ... ).

A l'occasion de cette journée, les édifices publics devront être pavoisés aux couleurs nationales. De ma courte expérience, une chance sur deux pour que votre Mairie oublie complètement cette mission.

J'en profite pour retransmettre le message du Secrétaire d'État à la Défense et aux Anciens Combattants, qui n'est plus le "Ministre d'ouverture" JMB, mais depuis le 23 juin, le Maire de Toulon, Hubert Falco:

Message à l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives
25 septembre 2009

Aujourd'hui, la République rend un hommage solennel aux Harkis et aux membres des formations supplétives qui ont servi la France tout au long de la guerre d'Algérie.

Nous nous inclinons avec respect devant la mémoire des morts. Leur souvenir ne s'efface pas et le nom de chacun d'entre eux est entré dans notre mémoire nationale. Leur histoire est notre histoire.

Nous exprimons, par cette journée nationale, la reconnaissance du pays tout entier envers les Harkis et tous ceux qui ont fait le choix de la France durant ces années terribles.

Leur sacrifice fut double.

De 1954 à 1962, ils ont combattu avec courage et vaillance dans des opérations militaires aux côtés de l'armée française ou simplement en défendant leurs villages. Tous sont restés indéfectiblement fidèles à la France, jusque dans l'adversité la plus tragique.

Mais la paix retrouvée n'a pas marqué la fin de leurs souffrances. Ils ont vécu la terrible épreuve de l'exil. Arrachés à leur terre natale, à leur famille et à leur culture, ils ont traversé la Méditerranée. Ils ont tout quitté et tout recommencé. Ils ont dû reconstruire leurs vies dans une Métropole qui ne les attendait pas.

Ces hommes et leurs familles ont vécu les pires drames. lis ont connu les pires difficultés. Mais ils sont restés, malgré tout, des hommes dignes, des hommes debout, fidèles aux valeurs de la République.

Regardons ce que fut leur vie: ils nous apprennent le courage et la volonté, l'honneur et la fidélité. Ils ont mérité le soutien de la communauté nationale.

Honneur aux Harkis et aux membres des formations supplétives qui ont combattu jusqu'au sacrifice suprême pour la France en Algérie.

Hubert Falco
Secrétaire d'État à la Défense
et aux Anciens combattants

jeudi 18 juin 2009

Les outils de la mi-juin

L'été arrive, et avec lui un cortège de calembours, car l'élu local est un piètre humoriste qui n'arrive évidemment pas à la cheville d'un André Santini qui a hissé les mots d'esprit jusqu'aux plus hautes crêtes que la pensée puisse atteindre dans l'exercice politique.

Je faisais ici référence à l'appel du 18 juin 1940 (encore désolé), ou encore "l'appel historique du général De Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi", ce qui est à la fois plus long et vachement moins drôle que la pelle de la mi-juin.

Ahem. Un peu de solennité, c'est le décret du 10 mars 2006 qui a consacré le 18 juin de chaque année à la commémoration du fameux message, que je vous reproduis ici:

"Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres."

Je suis toujours sidéré par la puissance de ce texte qui n'est pas moins, selon de nombreux historiens, que la base même du mouvement de Résistance française. Je vais, une fois n'est pas coutume, éviter le sacrilège d'ajouter le commentaire que Jean-Marie Bockel a produit pour l'occasion.

mardi 9 juin 2009

Journée nationale d'hommage aux "Morts pour la France" en Indochine

J'apprends que l'on célèbre, depuis un décret du 26 mai 2005 (publié au Journal Officiel le 27 mai de la même année), une journée nationale d'hommage aux « Morts pour la France » en Indochine, et cette année, elle tomba le 8 juin.

Afin de ne pas souffrir d'une désaffection trop grande des citoyens, la plupart des cérémonies ont été départementales (organisées dans le chef-lieu de votre département), vous ne vous étonnâtes donc aucunement que votre mairie n'organisa pas une traditionnelle matinée avec minute de silence et "pot de l'amitié" (ou "pot du souvenir", je ne sais pas vraiment, j'invite les pique-assiettes professionnels à préciser ici ces termes techniques).

Comme pour toutes les journées nationales, les bâtiments publics devaient être pavoisés, aux couleurs nationales. J'en profite pour me moquer des mauvais élèves qui n'ont pas hissé le drapeau le 3 juin, en souvenir des victimes du crash aérien.
(Non, ce n'est pas une blague, le préfet nous a réellement envoyé ceci:
"Conformément à la demande du Président de la République, les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments et édifices publics toute la journée du 3 Juin 2009, en hommage à la mémoire des victimes de la catastrophe aérienne survenue le 1er juin 2009.").

Pour mémoire, et cours de rattrapage sur l'Histoire de notre belle Nation, le discours d'hommage de Jean-Marie Bockel ( Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants ) qui fut lu hier :

MESSAGE DE M. JEAN-MARIE BOCKEL, SECRETAIRE D'ETAT A LA DEFENSE ET AUX ANCIENS COMBATTANTS
A L'OCCASION DE LA JOURNEE NATIONALE D'HOMMAGE AUX «MORTS POUR LA FRANCE» EN INDOCHINE
8 JUIN 2009

Depuis quatre ans, en cette «Journée nationale» dédiée aux «morts pour la France en Indochine», notre pays a rendez-vous avec son histoire pour honorer le souvenir de ceux qui sont tombés loin de leur foyer entre 1939 et 1954.

Aujourd'hui, la Nation tout entière rend ainsi hommage à ces hommes qui ont porté haut Les couleurs et les valeurs de la France en Indochine.

Durant quinze ans, ces hommes ont servi la France en Indochine et y ont accompli leur devoir.

Il nous appartient aujourd'hui de ne pas laisser cette histoire tomber dans l'oubli et de veiller à ce qu'elle ne soit pas reléguée aux confins de notre mémoire nationale.

Dès 1939, l'Indochine fut un théâtre à part entière des combats de la Seconde Guerre mondiale. Les soldats français y luttèrent avec bravoure et abnégation contre l'Occupant japonais. A travers leurs faits d'armes, ces soldats participèrent pleinement à la victoire finale contre les forces de l'Axe.

Contre le Vietminh, les hommes auxquels nous rendons aujourd'hui hommage devaient être par la suite précipités dans un conflit d'un autre type.

Enveloppés dans les spasmes de l'Histoire, ils assistèrent à l'enfantement d'un monde nouveau. Ils furent témoins et acteurs de la première déchirure de l'Empire français.

Cette guerre à laquelle ils étaient si peu préparés, ils surent y faire face, avec le sens de l'honneur et du devoir, avec abnégation.

Alors que nous célébrons cette année le 55e anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu, nous n'oublions pas le comportement héroïque de ces hommes sautant avec détermination dans la cuvette de l'enfer afin de porter secours à leurs camarades.

Nous n'oublions pas que le monde entier retint son souffle en ce printemps 1954, voyant ces hommes se précipiter dans la fournaise de Dien Bien Phu où les points d'appuis tombaient les uns après les autres, écrasés sous une pluie de fer et de feu, submergés, malgré une résistance acharnée, par les forces du Vietminh.

A travers toutes les vicissitudes de l'Histoire, les hommes de Dien Bien Phu sont entrés dans la légende : ils incarnent pour toujours l'héroïsme et l'esprit de sacrifice des combattants de la guerre d'Indochine.

Loin de leurs pays et de leurs familles, ces hommes ont donné le meilleur d'eux-mêmes souvent jusqu'au sacrifice suprême.

Depuis le 26 mai 2005 et l'instauration de celle journée nationale de commémoration, ils occupent enfin la place éminente qui leur revient au sein de notre mémoire collective.

Aujourd'hui, c'est l'ensemble de la communauté nationale qui se rassemble et se souvient du courage de ces hommes.

Aujourd'hui, c'est l'ensemble de la communauté nationale qui rend un hommage solennel aux combattants des guerres d'Indochine.


Jean-Marie Bockel

lundi 4 mai 2009

Com', mémo, ration !

Je ne peux m'empêcher de "balancer" une pratique à laquelle les élus, même les moins à l'aise avec les discours, se prêtent assidûment : C'est le passage obligé de la commémoration , si possible en évitant d'avoir le traditionnel speech à écrire ! 11 novembre, 8 mai, ou plus récemment, "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation" (le dernier dimanche du mois d'avril de chaque année, depuis 1954, le saviez vous ?).

Il existe sur le site internet de votre préfecture, une section antisèches évènements, qui est régulièrement mise à jour avec les dates ET surtout, une allocution rédigée, soit par le Secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants pour les commémorations de la Victoire et l'Armistice, soit, dans le cas du souvenir des déportés, par un ensemble d'associations dont l'objet est la mémoire des résistants et des déportés.

En exclusivité, afin que vous puissiez juger de l'effort que votre élu aura fait dans la composition de son texte pour le 8 mai prochain, je vous fais donc part du message officiel de M. Jean-Marie Bockel :

Message de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Défense et aux anciens combattants
Journée nationale de commémoration du 8 mai

Nous commémorons aujourd'hui le 64e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie, le 8 mai 1945.

Cette journée nationale rappelle la victoire du camp Allié contre le nazisme. Elle marque également la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Par l'ampleur des pertes humaines, des destructions matérielles et des souffrances infligées aux populations civiles, la Seconde Guerre mondiale se distingue de tous les autres conflits.

Elle s'illustre tristement par le mépris de l'humain.
Le système concentrationnaire mis en place par l'Allemagne nazie a fait reculer les frontières de la civilisation: les persécutions raciales, l'internement des populations civiles et l'horreur des camps d'extermination marquent le mépris de l'humain et le recul des valeurs héritées des Lumières.

Le 8 mai évoque ainsi la victoire des valeurs de la civilisation contre la barbarie, le triomphe de la démocratie contre le totalitarisme nazi.

Le 8 mai 1945, la France renaît de ses cendres. Elle efface· la honte de la défaite et de l'Armistice de juin 1940.

Avec ses années reconstituées, la France a participé pleinement à la victoire finale contre le nazisme. Elle n'a en réalité jamais cessé de combattre: à Londres, derrière le général de Gaulle, en France, dans les rangs de la résistance intérieure et partout ailleurs, sur terre, sur mer et dans les airs, des Français ont continué la lutte.

L'année qui s'est élancée le 15 août 1944 vers les plages de Provence témoigne de cette unité retrouvée de la nation française à l'heure des grands défis. Eléments gaullistes de la 1ère Division Française Libre, combattants de l'armée d'Afrique, tirailleurs sénégalais, goumiers marocains, bataillon des Antilles, Forces Françaises de l'Intérieur: c'est toute la France qui est au rendez-vous pour la Libération de son territoire.

C'est cette France réunifiée que le Président de la République Nicolas Sarkozy a souhaité mettre à l'honneur cette année, en se rendant le 8 mai à la Nartelle afin d'y honorer la mémoire des combattants du Débarquement de Provence.

Le 8 mai 1945, à l'heure de la victoire, la France siège aux côtés des Alliés à la table des vainqueurs et reçoit la capitulation de l'Allemagne nazie. Le 8 mai 1945, la France retrouve sa souveraineté et l'intégrité de ses frontières. Le 8 mai 1945, la France retrouve également son âme.

De l'horreur de la guerre est né aussi un espoir: celui d'un monde de coopération et de paix entre les peuples. La création des Nations Unies et la construction européenne, initiée dans l'élan de la reconstruction morale et politique de l'après-guerre, concrétisent cette promesse.
Cette journée nationale de commémoration nous rappelle enfin que la mémoire de ces évènements doit vivre, et qu'elle doit être transmise aux générations futures.

Aujourd'hui, les témoins, anciens résistants, déportés ou anciens combattants, sont toujours parmi nous pour effectuer ce nécessaire travail de mémoire.

Ainsi le 8 mai est également l'occasion pour nous, pour toute la Nation, de les honorer, en rappelant leurs engagements, leur courage et leurs sacrifices.

La journée nationale de commémoration du 8 mai occupe une place singulière dans l'ordre du souvenir.

Synonyme d'indicibles souffrances, cette journée du 8 mai nous rassemble également aujourd'hui autour de valeurs communes de liberté et de fraternité, qui demeurent au fondement même de notre contrat social et de notre identité.


Jean-Marie Bockel


Je me permet une petite remarque sur l'anaphore "Le 8 mai 1945". Certes, il est assez normal de retrouver cette locution plusieurs fois dans le discours du 8 mai. Mais, un paragraphe ne comporte pas moins de 3 répétitions de ce début de phrase, ce qui est saisissant pour un texte aussi court. C'est une des marques de fabrique d'Henri Guaino, plume de Nicolas Sarkozy, selon Jean Véronis qui a étudié cette figure de style. Le nègre des élus locaux aurait il, lui-même, fait appel à celui du Président ?