Autour de cette table du conseil, nous étions tous sur le point de fêter pour la troisième fois cette victoire. Pour moi, cela contredisait la morale populaire et le célèbre alexandrin de Pierre Corneille: A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Je frissonnais, car depuis une semaine, j'avais souvent entendu : "On leur a mis onze à zéro !". Et pour filer cette métaphore sportive, je savais intérieurement, qu'un match se gagne aisément, lorsque l'arbitre joue dans notre camp.
Un arbitre un peu spécial.
Un arbitre qui soufflait largement ses volontés au capitaine d'une équipe.
Un arbitre qui changeait les règles en cours de match.
Un arbitre qui fermait les yeux sur certaines fautes (qu'il avait commises lui-même parfois).
Fin de l'analogie, et de l'anaphore. Cet arbitre était notre illustre prédécesseur, le Baron local.
Je frémissais, nous avions gagné, et alors que ceux qui étaient censés être nos "fidèles" électeurs (soit des proches de la municipalité, soit certains anciens conseillers municipaux), m'avaient demandé à plusieurs reprises que notre prédécesseur ne se mêle pas de cette nouvelle mandature, qu'il ne pilote pas notre Maire ni le conseil municipal, et après une discussion entre colistiers durant nos réunions préparatoires, cette affaire semblait réglée.
Pourtant je restais persuadé que ce problème subsistait.
Ne vous méprenez pas, je trouvais que l'action municipale antérieure était exceptionnelle, et l'héritage - projets réalisés ou en cours - prospère. Je n'apprendrai que bien plus tard le mode de financement de ce programme, reposant essentiellement sur la dette.
Aux messages de nos supposés soutiens, s'ajoutaient ceux des électeurs qui auraient préféré voir nos adversaires nous défaire. Eux aussi souhaitaient que notre conseil ne soit pas une chambre d'enregistrement des volontés de l'ancien Maire, ni de l'actuel d'ailleurs.
La loi dit "Le Conseil Municipal émet des vœux sur tous les objets d'intérêt local" (L2121-29 du Code Général des Collectivités Territoriales). Le Conseil, et non pas Le Maire. Pour moi, il était acquis que le conseil aurait une certaine indépendance...
Soudain, je fus extrait de mes pensées par le discours du Directeur. Car il était doyen de l'assemblée délibérante, et prit à ce titre, la présidence de la séance le temps d'élire un nouveau Maire, qui sera naturellement le Successeur désigné depuis longtemps. Je fus stupéfait de la violence des propos à l'encontre de nos opposants, vaincus, à terre, alors même que certains d'entre-eux assistaient, en bons citoyens au premier conseil municipal de notre équipe. Le bellicisme de cet ancien fonctionnaire les brisa tout net. Tout montrait que le Directeur serait la nouvelle tête pensante, quelles que soient les volontés du Baron et de son Successeur. L'apogée du déchaînement de son allocution, se télescopa avec un pied-de-nez aux deux autres responsables, réputés communistes, dans la citation d'un fameux rédacteurs en chef du Figaro : "Un citoyen français a deux sortes d'ennemis également redoutables : ceux qui violent les lois et ceux qui les observent avec rigueur.". Le Directeur ne doutait pas de l'ignorance de son auditoire et pu ainsi se gausser de ses partenaires sans que nul autre que moi ne l'ait noté. J'imaginais, non sans humour, André Stil cité par François Fillon lors de la nomination de son gouvernement.
Désormais, je bouillais, le Baron local aurait-il pu se faire jouer de la sorte ? J'apprendrai plus tard les méthodes de persuasion que le Directeur pouvait déployer.
Aujourd'hui encore, je regrette de ne pas avoir demandé pardon à nos opposants, pour la violence de nos attaques, même si ces excuses avaient revêtu la forme de celles de Ségolène Royal pour les propos de Nicolas Sarkozy (Sur Zapatero ou dans le discours de Dakar).
Ces regrets n'ont aucun sens, car aucun effort n'est requis pour se défendre des erreurs d'un autre.
Je frissonnais, car depuis une semaine, j'avais souvent entendu : "On leur a mis onze à zéro !". Et pour filer cette métaphore sportive, je savais intérieurement, qu'un match se gagne aisément, lorsque l'arbitre joue dans notre camp.
Un arbitre un peu spécial.
Un arbitre qui soufflait largement ses volontés au capitaine d'une équipe.
Un arbitre qui changeait les règles en cours de match.
Un arbitre qui fermait les yeux sur certaines fautes (qu'il avait commises lui-même parfois).
Fin de l'analogie, et de l'anaphore. Cet arbitre était notre illustre prédécesseur, le Baron local.
Je frémissais, nous avions gagné, et alors que ceux qui étaient censés être nos "fidèles" électeurs (soit des proches de la municipalité, soit certains anciens conseillers municipaux), m'avaient demandé à plusieurs reprises que notre prédécesseur ne se mêle pas de cette nouvelle mandature, qu'il ne pilote pas notre Maire ni le conseil municipal, et après une discussion entre colistiers durant nos réunions préparatoires, cette affaire semblait réglée.
Pourtant je restais persuadé que ce problème subsistait.
Ne vous méprenez pas, je trouvais que l'action municipale antérieure était exceptionnelle, et l'héritage - projets réalisés ou en cours - prospère. Je n'apprendrai que bien plus tard le mode de financement de ce programme, reposant essentiellement sur la dette.
Aux messages de nos supposés soutiens, s'ajoutaient ceux des électeurs qui auraient préféré voir nos adversaires nous défaire. Eux aussi souhaitaient que notre conseil ne soit pas une chambre d'enregistrement des volontés de l'ancien Maire, ni de l'actuel d'ailleurs.
La loi dit "Le Conseil Municipal émet des vœux sur tous les objets d'intérêt local" (L2121-29 du Code Général des Collectivités Territoriales). Le Conseil, et non pas Le Maire. Pour moi, il était acquis que le conseil aurait une certaine indépendance...
Soudain, je fus extrait de mes pensées par le discours du Directeur. Car il était doyen de l'assemblée délibérante, et prit à ce titre, la présidence de la séance le temps d'élire un nouveau Maire, qui sera naturellement le Successeur désigné depuis longtemps. Je fus stupéfait de la violence des propos à l'encontre de nos opposants, vaincus, à terre, alors même que certains d'entre-eux assistaient, en bons citoyens au premier conseil municipal de notre équipe. Le bellicisme de cet ancien fonctionnaire les brisa tout net. Tout montrait que le Directeur serait la nouvelle tête pensante, quelles que soient les volontés du Baron et de son Successeur. L'apogée du déchaînement de son allocution, se télescopa avec un pied-de-nez aux deux autres responsables, réputés communistes, dans la citation d'un fameux rédacteurs en chef du Figaro : "Un citoyen français a deux sortes d'ennemis également redoutables : ceux qui violent les lois et ceux qui les observent avec rigueur.". Le Directeur ne doutait pas de l'ignorance de son auditoire et pu ainsi se gausser de ses partenaires sans que nul autre que moi ne l'ait noté. J'imaginais, non sans humour, André Stil cité par François Fillon lors de la nomination de son gouvernement.
Désormais, je bouillais, le Baron local aurait-il pu se faire jouer de la sorte ? J'apprendrai plus tard les méthodes de persuasion que le Directeur pouvait déployer.
Aujourd'hui encore, je regrette de ne pas avoir demandé pardon à nos opposants, pour la violence de nos attaques, même si ces excuses avaient revêtu la forme de celles de Ségolène Royal pour les propos de Nicolas Sarkozy (Sur Zapatero ou dans le discours de Dakar).
Ces regrets n'ont aucun sens, car aucun effort n'est requis pour se défendre des erreurs d'un autre.
I love anaphore;-)
RépondreSupprimerAnne Onyme