jeudi 15 avril 2010

Bonaparte nous a donné l'exemple

Ça a les couleurs d'un deuil national (bleu-blanc-rouge), c'est dans les circonstances de ce qui pourrait être un deuil national, cependant, est-ce réellement un deuil national?

Je viens d'apprendre, par le cabinet du Préfet, que conformément à la demande du Premier Ministre, les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments et édifices publics samedi 17 et dimanche 18 avril 2010, à l'occasion des funérailles de Lech Kaczynski, Président de la République de Pologne.

Beaucoup de démagogues nous ont abreuvés, à l'annonce de cette récente catastrophe aérienne, de propositions plus "europhiles" les unes que les autres: faire un Deuil Européen, ou une coordination des deuils nationaux des pays membres, etc. Est-ce cela l'Europe? Est-ce là tout le respect que nous devons apporter à notre union, que de s'emparer d'une actualité aussi tragique pour en faire un symbole de nos idées politiques? Quelle que soit l'honnêteté des motivations de ces politiciens, se pourrait-il que nous en débattions? Est-il possible que l'ensemble des pays, et leurs concitoyens, aient leur mot à dire là-dessus? L'Europe est-elle condamnée à cette inertie idéologique qui consiste à admettre, sans réfléchir, que rien n'est trop beau pour elle, et tout doit y être décrété ou fait, sans aucun débat (il faut dire que le dernier referendum sur le sujet n'est pas particulièrement motivant, je vous l'accorde).

Je m'interroge sur le fait que la majorité des européens soient favorables à l'idée de deuil communautaire (ou même national, d'ailleurs), pour la disparition d'un homme élu (la question reste entière sur les personnes ayant accompli des actes héroïques ou au contraire les victimes d'acte de barbarie). Et de manière plus "locale", car il faut bien que cela serve à quelque chose que je rapporte le retour de mon monde provincial sur la question, nos concitoyens ruraux, qui ont voté massivement en faveur du Non au T.C.E. (et qui n'ont pas réalisé une seule seconde qu'un palliatif était entré en vigueur le 1er décembre 2009), s'interrogeraient qu'on leur demande une minute de silence pour le décès de toutes ces élites polonaises.

D'où, je suppose, la proposition du Premier Ministre l'annonce au cours d'une conférence de presse mardi à Washington du Président de la République, de demander la mise en berne des drapeaux, mais à ce jour, aucune circulaire, ni aucun décret de deuil national disponible sur Legifrance en tout cas, contrairement au deuil national en hommage aux victimes des attentats commis aux États-Unis d'Amérique le 11 septembre 2001 (Décret ici). Ni rien à ce sujet au journal officiel de ces derniers jours.

En ce qui me concerne, je partage la douleur des familles des victimes, et suis désolé de la disparition de ces hommes chers au Peuple Polonais. Je trouve finalement la manœuvre du Président (ou du Premier Ministre) habile, si effectivement ils n'ont pas décrété de deuil national: ils expriment leur émotion, en évitant le débat, et donc sans salir ce triste événement d'une récupération idéologique.

L'hymne nationale de la Pologne fait référence à Napoléon Bonaparte qui créa les légions polonaises, c'est de ce chant patriotique qu'est tiré le titre de ce billet, la mazurka de Dombrowski:

La Pologne n'a pas encore péri,
Tant que nous vivons.
Ce que l'étranger nous a pris de force,
Nous le reprendrons par le sabre.

Refrain :
Marche, marche, Dombrowski,
De la terre italienne vers la Pologne ;
Sous ta direction,
Nous nous unirons avec la nation.

Nous traverserons la Vistule et la Warta,
Nous serons Polonais.
Bonaparte nous a donné l'exemple,
Comment nous devons vaincre.

Comme Czarniecki vers Poznań
Après l'invasion suédoise,
Pour sauver la patrie,
Revint par la mer.

Le père dit à sa Basia
Tout en pleurs :
« Écoute ! Il semble que les Nôtres
Battent le tambour. »

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